1. Généralités.
Il arrive de plus en plus fréquemment que les sapeurs-pompiers soient demandés pour procéder à l'ouverture d'une porte :
- par suite de perte de clés ;
- après fermeture intempestives, clés restées à l'intérieur ;
- l'occupant d'un local (personne âgée par exemple) ne donnant pas signe de vie ;
- une odeur suspecte se dégageant d'un appartement en l'absence de son occupant habituel.
A moins qu'il y ait doute (deux derniers cas) ou en cas d'impossibilité
absolue de l'obtenir (milieu de la nuit, jour férié...), le demandeur
doit être invité à rechercher le concours d'un serrurier (au besoin lui
donner des adresses, répertoriées à priori au C.S).
En tous cas, sauf motif valable, les sapeurs-pompiers ne doivent
intervenir que si l'opération ne leur fait pas courir de risque. Il
faut, en outre, informer l'intéressé des dégâts possibles et obtenir son
accord formel.
Toute intervention doit alors être effectuée en présence d'au moins un
témoin, dont l'identité est relevée : voisin, concierge, police de
préférence.
Dans les deux derniers cas mentionnés ci-dessus, demander toujours le concours de cette dernière.
Si, après ouverture de la porte, un sinistre particulier est découvert :
asphyxié, fuite d'eau ou de gaz, début d'incendie..., prendre les
premières mesures possibles et demander les secours complémentaires
nécessaires.
2. Conduite de l'opération.
Toutes les fois que c'est possible, afin de limiter les dégâts, essayer
de pénétrer dans les lieux par une fenêtre, en brisant un carreau,
utiliser pour cela l'échelle de longueur voulue, à l'exclusion de
l'échelle à crochet, mais ne jamais employer de cordage ; toutefois,
s'il y a présomption de personne en danger, il peut être admis
d'utiliser l'échelle à crochets, sous réserve que l'opérateur soit
amarré par un cordage, assuré en retrait par un deuxième sapeur. Il est
préférable, dans ce cas, d'opérer en partant de l'étage immédiatement
supérieur au niveau à atteindre.
Se souvenir que, bien souvent, les fenêtres de W.C., salles d'eau,
cuisines, sont mal ou pas fermées et constituent un moyen d'accès tout
indiqué.
En cassant un carreau éviter de se blesser aux mains ou au visage (attention aux éclats de verre dans les yeux).
Pour cela :
- mettre des gants et utiliser la petite pince ;
- tourner la tête et la baisser, de façon que la visière du casque protège le visage ;
- en frappant par petits coups, essayer de ne briser qu'une partie du carreau à proximité de la poignée de la
fenêtre.
3. Pénétration par la porte.
S'il n'est pas possible de pénétrer dans les lieux par une fenêtre, on peut, pour accéder par la porte :
- récupérer la clé située à l'intérieur ;
- forcer la porte ;
- enfoncer un panneau.
3.1. Récupération d'une clé restée à l'intérieur sur la porte.
- S'il y a, au bas de la porte, un jour suffisant, y glisser une grande feuille de papier (un journal par exemple),
à la verticale de la serrure ;
- chasser la clé de la serrure au moyen d'un fil de fer, d'un tournevis (il peut être nécessaire de faire tourner
légèrement la clé si elle n'est pas exactement dans l'axe du trou de serrure ; le tournevis est alors très
indiqué car il permet d'obtenir la rotation voulue en faisant appui sur l'extrémité de la tige de la clé) ;
- retirer la feuille de papier (le journal) sur laquelle se trouve la clé.
3.2. Forcement d'une porte.
Cette méthode cause des dégâts relativement limités : arrachement de l'huisserie, au niveau de la serrure.
On peut procéder de deux manières différentes :
a) Avec une pince (petite ou grande), écarter la porte de l'huissier, en
commençant par les extrémités haute et basse et placer une cale en bois
un bouchon, pour maintenir l'écartement ; poursuivre l'opération,
alternativement, en se rapprochant de la serrure.
La tension ainsi produite finit par provoquer l'arrachement de la gâche.
b) Si la porte est munie d'un verrou de sûreté : procéder d'abord au forcement de la serrure centrale ; pour
cela, introduire l'extrémité de la pince entre l'huisserie et la porte,
alternativement juste au-dessus puis juste au-dessous de la serrure, et
exercer par-à-coups une forte pression sur l'autre extrémité de la pince
; dès que la serrure centrale a cédé, opérer de même au niveau.
3.3 . Enfoncement d'un panneau.
a) Méthode du "coup de boîte".
Elle permet de faire sauter le panneau du bas.
En se plaçant face à la porte, frapper violemment le panneau avec le
pied orienté de façon que la semelle de la botte l'atteigne de toute sa
surface.
Cette méthode est plus efficace si elle est pratiquée à deux sapeurs, en tenant par la taille.
Elle ne doit pas être employée si on suppose qu'une personne est tombée
derrière la porte (selon des renseignements obtenus de voisins, d'après
des râles, une respiration haletante, ou l'observation qu'on a pu faire
par une fenêtre).
b) Dans ce dernier cas, faire sauter le panneau supérieur de la porte,
en essayant de ne pas le faire tomber sur la victime, atteindre alors la
poignée de la porte ou la clé. Si l'ouverture n'est pas possible ainsi,
un sapeur se glissera par le passage crée, en partie haute, par
l'enlèvement du pansement.
c) Certaines portes sont pourvues d'un panneau central de petite largeur situé à hauteur de la serrure.
Pour limiter les dégâts, faire sauter de préférence cet élément.
Cette méthode n'est évidemment valable que si la porte peut être ouverte de l'intérieur.
4. Cas particuliers.
4.1. Portes coulissantes pleines.
Elles sont de modèles divers. Il faut adapter la méthode d'ouverture ou de forcement à la situation.
Différentes méthodes possibles :
- écartement du mur, le long de laquelle, coulisse le battant, au moyen de grandes pinces ; le battant peut
alors se trouver dégagé de la glissière et on le fait tomber en le poussant, ou du rail-guide et on peut
l'écarter par balancement.
4.2. Portes coulissantes en treillis métallique.
Opérer sur la serrure au moyen de la petite ou de la grande pince.
Éventuellement, pratiquer une ouverture en sectionnant des éléments du
treillis au moyen d'outils de découpage : scies diverses, chalumeau.
Sinon, il faut essayer de forcer la serrure ou d'enfoncer un panneau.
Certaines de ces portes sont munies d'un verrou par battant.
4.4. Portes en barreaux métalliques.
S'il n'est pas possible de venir à bout de la serrure, il faut pratiquer
une ouverture à l'aide de pinces coupantes, scies, chalumeau. Il peut
être possible d'écarter des barreaux au moyen de vérins, écarteurs,
coussins pneumatiques.
4.5. Rideaux métalliques.
Les systèmes de fermeture sont très divers et il faut adapter l'action à
chacun dont il y a lieu d'abord de déterminer avec précision la nature.
Il ne faut pas perdre de vue qu'un rideau métallique déformé ne pourra pas être soulevé.
- Si le rideau est verrouillé en partie basse par un simple cadenas il suffit de faire sauter ce dernier
(sectionnement par exemple) ;
- Si le verrouillage est latéral, il peut être possible de faire céder les tenons en exerçant simultanément sur
chacun une poussée au moyen de grandes pinces ;
- En denier ressort, pratiquer une ouverture dans le rideau au moyen d'appareils de découpage : scie à
disque, chalumeau, burin découpeur pneumatique associé à une mâchoire pneumatique.
4.6. Portes basculantes.
Il faut neutraliser le système de fermeture, après en avoir déterminé la nature, pour pouvoir ouvrir en
poussant en partie haute.
En dernier ressort, pratiquer une ouverture comme il est dit en 4.5
5. Remarque.
Avant d'entreprendre une opération délicate, il ne faut pas omettre, si
on se trouve en présence d'une serrure qui semble simple, d'essayer de
l'ouvrir au moyen.
6. Mesures à prendre après une ouverture de porte en l'absence des locataires
ou propriétaires.
Il faut toujours essayer de refermer, de façon sûre le local concerné.
A défaut de cette possibilité, de confier la garde aux services de la
police et, en attendant leur arrivée, faire assurer momentanément cette
garde par un sapeur.
6.1 Modes de fermeture d'un local après une intervention.
a) Si la porte et son huisserie, ne sont pas très détériorées :
- porte pourvue d'une serrure simple, il suffit de tirer le battant ; le pêne se referme de lui-même dans
la gâche ;
- porte pourvue d'un verrou de sûreté à molette ;
. mettre le verrou en position ouverte ;
. enrouler une extrémité d'une ficelle mince et résistante, de plusieurs tours dans le sens de rotation de
fermeture, autour du bouton molette du verrou.
. tendre l'autre extrémité de la ficelle et la faire passer, si l'espace est suffisant, entre la porte et l'huisserie ;
si cet espace est insuffisant, par le trou de la serrure.
. maintenir la porte en position de fermeture et tirer fermement sur l'extrémité libre de la ficelle qui, en se
déroulant, parvient à entraîner la molette du verrou (il faut se munir d'un gant pour protéger la main de
traction.
b) Dans l'impossibilité de procéder comme il vient d'être indiqué ci-dessus ou dans le le cas où la porte et
huisserie sont dans un état ne permettant plus à la la serrure et à la gâche de tenir suffisamment, il faut
procéder à la pose d'un cadenas.
Un piton rond est vissé dans l'huisserie, perpendiculairement, de façon que les deux anneaux se chevauchent.
La clé du cadenas est remise aux services de police qui devront en assure la remise ultérieure aux sapeurs-pompiers.