Considérations générales.
Ces
feux peuvent se présenter de manière différentes suivant le type de la
végétation en cause, le relief, les conditions atmosphériques, l'étendue
de la zone incendiée.
Dans une forêt se trouvent en
présence des arbres de tous âges et en plus une végétation spontanée
composée d'arbustes, de ronces, de plantes diverses et d'herbe, qui
constituent le sous-bois. C'est dans le sous-bois, à des rares
exceptions, près, que se déclare toujours le feu, car, en se desséchant,
il constitue, à la fin de l'hiver ou vers le milieu de l'été, un
véritable amas d'éléments combustibles.
La nature des
essences intervient dans la rapidité de la propagation des incendies.
Les essences feuillues sont moins dangereuses que les essences
résineuses. Une attention particulière doit être apportée aux
emplacements où on a entassé du bois mort.
Dans une
région montagneuse, le feu a tendance à monter d'autant plus vite que la
pente est raide et il s'avance plus lentement à la descente qu'à la
montée.
Un sol sablonneux, renfermant peu de cours d'eau, augmente le danger de propagation du feu.
Un sol très imperméable se dessèche rapidement et ne peut maintenir longtemps verte une végétation herbacée quelconque.
La
mousse ne favorise l’extension du feu qu'en cas de grande sécheresse :
une couche de feuilles ne laisse avancer le feu que très lentement.
Sous
les climats très humides, les feux sont très rares, parce que la
végétation herbacée demeure très longtemps verte. Au contraire, sous les
climats alternativement secs et humides, les feux sont très fréquents.
L'incendie
se déplace sous l'influence du vent. L'incendie lui-même provoque des
courants qui peu à peu s'orientent en une direction stable et impriment
une marche régulière du feu.
Les sautes du vent sont à
redouter, car elles peuvent avoir des conséquences très graves. Pour y
parer, il importe, en cas de feu étendu, que le directeur des secours
conserve en réserve une partie de ses moyens.
2. Feu à son début et d'étendue restreinte.
Si
le feu est pris à son début et si son étendue est restreinte, le vent
n'a pas encore une grande influence mais, pour éviter que la situation
ne devienne grave, il faut amener très vite des secours.
C'est
le cas en général des feux de surface, ou feux courants, qui atteignent
les feuilles sèches, la mousse, l'herbe; A défaut d'eau, on pourra
chercher à les éteindre en frappant avec des battes à feu, des rameaux,
feuillus, des branches vertes, des balais, etc., ou en les couvrant de
terre.
Lorsqu'il y a de fortes touffes d'herbe, il est
bon de frapper dans le sens vertical, mais si, ou par contre, les herbes
sont courtes, il vaut mieux frapper de côté et d'autre, dans le sens
horizontal.
Les efforts doivent se porter sur tout le pourtour du foyer, en ayant soin de resserrer celui-ci autant que possible.
Quand
tout danger paraît écarté, il importe de creuser une tranchée tout,
autour du foyer pour prévenir un retour offensif du feu par le sol, et,
si on le peut, de l'arroser abondamment.
Ce travail
terminé, le détachement peut se retirer, mais non sans avoir laissé
quelques sapeurs en surveillance avec des outils et du petit matériel.
Les hommes ne doivent rentrer que sur l'ordre d'un gradé de ronde.
3. Feux souterrains.
On
appelle feux souterrains les feux qui se produisent quand les couches
souterraines de tourbe ou de charbon prennent feu ; ils se signalent par
une odeur de roussi ou par une fumée mouvante ; ils sont assez rares
mais, quand ils ont pris un certain développement, il faut un personnel
nombreux pour les combattre.
Les feux souterrains ne peuvent être éteints, en général, qu'en coupant la couche atteinte par le feu.
Pour
obtenir ce résultat, on cherchera à localiser l'incendie et s'en rendre
maître en creusant des fosses jusqu'au niveau des eaux souterraines ou
jusqu'au sol proprement dit.
4. Feu à foyer étendu.
Dans
le cas d'un feu à foyer étendu et ayant tendance à se développer,
l'incendie présente des flancs d'une certaine longueur et un front qui
va s'élargissant à mesure que le feu prend de l'extension.
La
fumée gène la vue et la chaleur rend des plus pénibles l'approche du
feu. Le devoir de l'officier, au cours de la reconnaissance, est de
déterminer le plus rapidement possible les points les plus dangereux,
afin de mettre ses moyens en action à l'endroit le plus propice. Il ne
faut pas songer à s'entourer pareil foyer, pas plus qu'il ne faut
essayer de lutter contre le front de feu.
On attaque les flancs,
pour serrer le feu, tout en avançant dans la même direction que lui. De
la sorte, on diminue son intensité, on réduit sa puissance et on arrive
fatalement à sa tête, c'est-à-dire au front.
Le
directeur des secours a intérêt à fractionner son matériel en deux
parties qu'il envoie chacune sur l'un des flancs ; il utilise dans ce
cas son gros matériel, car il faut aller vite, des sautes de vent
pouvant être à redouter et l'un des flancs pouvant, par suite, devenir
front.
Des auxiliaires sont disposés à une certaine
distance en arrière, dans un rayon de 200 m, pour surveiller et
maîtriser, à son début, tout petit feu provoqué par des transports de
brandons emportés par le vent ou les tourbillons de gaz chauds.
Pour
l'attaque d'un tel feu, l'eau est le meilleur agent extincteur. En
principe, dès qu'un engin-tonne est vide, un autre doit prendre sa place
pendant que le premier va s'alimenter.
Les sapeurs,
avec les engins-tonnes, sont disposés à une certaine distance les uns
des autres, principalement du côté menacé, généralement celui qui est
appelé à se trouver sous l'action du vent. Au fur et à mesure de
l'extinction, ils avancent progressivement sur le feu ; Obligés de
s'approcher très près du foyer, ils doivent prendre les précautions
utilisées contre la chaleur et la fumée, en se plaçant derrière des
boucliers improvisés faits des débris de planches ou de tout autre chose
formant écran et se tenir toujours aussi bas que possible. Le silence
le plus absolu est de rigueur.
Là ou il n'existe pas
d'allées, ou aussi pour élargir une allée, il peut être utile de se
frayer un passage au moyen de serpes, de hachettes, de
débroussailleuses.
Les porte-lances, tout en abattant
les flammes, ont soin d'arroser rapidement la partie du côté opposé au
feu, en visant les cimes avec leur jet.
Dès que l'on
est maître du feu, il importe d'éteindre les foyers qui peuvent
subsister au centre de la zone incendiée ; le travail des engins-tonnes
n'est donc pas fini.
On ne doit commencer le déblai et les tranchées que lorsqu'il n'y a plus trace de feu.
Lorsque
l'eau est rare, on peut procéder, à des abattis en avant et sur les
flancs du feu, à des tranchées et à des levées de terre ; ce travail
exige un personnel nombreux et beaucoup d'outils.
Comme dans le premier cas, un service de surveillance doit être laissé pour éviter les reprises de feu.
5. Grand feu venant de loin.
C'est
le cas d'un feu qui s'est déclaré dans une région couverte de grandes
étendues (forêts, maquis, garrigues...) (Landes, Maures, Estérel)et qui a
pris rapidement une grande extension du fait de la sécheresse, du vent,
ou de toute autre cause.
Il est habituellement
combattu par des corps de sapeurs-pompiers forestiers, ou autres qui
disposent d'un matériel spécialisé ; d'autres unités de
sapeurs-pompiers, des militaires et civils réquisitionnés peuvent être
amenés en renfort.
En pareil cas, le directeur des
secours établi un poste de commandement connu de tous, doté de moyens de
liaison et de transmission. Il choisit, en avant du front du feu et à
plusieurs kilomètres, aussi loin que possible, une ligne d'arrêt
(espace, découvert, lande, route, champ, etc.). Il dispose ses
travailleurs munis d'outils divers et fait effectuer quelques travaux
sommaires, débroussaillements, abattis, tranchées, etc., de façon à
opposer au feu, s'il arrive jusque là, un espace vide contre lequel il
se divisera, rendant ainsi plus aisée l'attaque des deux pointes de feu
qui s'élanceront de chaque côté.
Concurremment à cette
opération, il fait, si les ressources en eau le permettent, établir au
moyen du matériel spécialisé, le long de cette ligne d'arrêt, des tuyaux
alimentant des lances susceptibles :
- de mouiller abondamment toute la zone devant le feu ;
- de créer un véritable rideau d'eau devant ce dernier.
On
peut également créer une zone d'arrêt en faisant appel aux avions
bombardiers d'eau, employant au besoin de l'eau additionnée de produits
"retardants".
Ces appareils peuvent être également employés :
- pour attaque rapide d'un feu, à sa naissance, dans un secteur dont l'accès aux moyens terrestres demandera de longs délais ;
- pour protéger, par un arrosage massif, un objectif ponctuel, (ferme, habitation isolée encerclée dans une zone en feu).
Ces deux types de missions peuvent éventuellement être remplies également par des commandos héliportés.
Simultanément,
les engins attaquent les flancs de l'incendie, en intensifiant leur
effort aux abords de la ligne d'arrêt, d'autres, en arrière de la ligne
d'arrêt, s'opposent à tout début d'incendie prenant naissance en arrière
de cette ligne par projection de flammèches et de débris incandescents
quelconques.
6. Les contre-feux.
Dans
des cas d'urgence, le contre-feu peut être un moyen efficace de lutte
contre les incendies de forêt, mais son emploi ne doit être conseillé
que sous les réserves suivantes car il peut s'avérer dangereux : il doit
être allumé à une assez grande distance du front de propagation de
l'incendie, se diriger à la rencontre de ce dernier, sans déborder les
limites qui lui sont assignées, et le rencontrer sur une zone
suffisamment découverte pour que cette rencontre ne puisse donner lieu à
aucun retour en arrière.
Cette opération nécessite obligatoirement :
- un chef ;
- des équipes nombreuses et disciplinées ;
- des équipes de surveillance munies des engins d'extinction nécessaires ;
- une coïncidence parfaite entre un régime d'accalmie relative et le moment où l'ordre est donné d'allumer le
contre-feu.
A noter que les contre-feux sont absolument inefficaces contre les feux de cimes.
7. Mesures de police.
Dans
un incendie d'une certaine importance, la présence du maire,ou d'un
adjoint est indispensable pour assurer le service d'ordre, donner toutes
indications utiles à la gendarmerie et opérer, le cas échéant, les
réquisitions.